Dictionnaire du Moyen Français (1330-1500)

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     LANGUE     
FEW V lingua
LANGUE, subst. fém.
[AND : lange2 ; DÉCT : langue ]

A. -

"Langue"

 

1.

[Organe situé dans la bouche] : Nous vëons un chien qui enrage, De quel cause li vient la rage ? D'un ver qui la langue li perse. Or est la cause si desperse Qu'il pert le boire et le mengier, Et puis le couvient enragier. Or est dont li commencemens De quoy vient li enragemens. (MACH., J. R. Nav., 1349, 228). Langue poignant, aspre, amere et aguë En traïson souvent me mort et point ; Mais riens ne doubt que die ne arguë, Ne l'aguillon de son venimeus point, Car je me vueil gouverner si à point Que par souffrir et estre de bonne aire Je la feray morir de dueil ou taire. (MACH., L. dames, 1377, 171).

 

2.

[Chez l'homme, en tant qu'organe de la parole] : Car pour amer onques mais Si tres dolereusement Ne fu nuls amis detrais Com je sui ; car, vraiement, Langue raconter à droit Ne cuers penser ne porroit La dolour que je recueil. Pour ce m'est vis que j'ay droit, Se je chant mains que ne sueil. (MACH., Bal., 1377, 547). Car quant il s'oit escondire De ce qu'il desire, Il reçoit tant d'ire Qu', à verité dire, Pour son mal descrire Ne porroit langue souffire. (MACH., Lays, 1377, 317).

 

-

Maise langue. "Mauvaise langue" : ...le très bon seneschal qui Het et fuit toutes maises langues (MACH., P. Alex., p.1369, 144).

B. -

"Langue, idiome" : La quarte galée conduit, A grant joie et à grant déduit, Uns chevaliers de grant renon ; Florimont de Lesparre a non. Nez est dou païs de Gascongne, Si com la langue le tesmongne ; De Lesparre est sires clamez. (MACH., P. Alex., p.1369, 143).

 

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Estre de la langue de. "Être du même pays que" : Là ot maint chevalier estrange, Digne d'onneur et de loange, De mainte estrange region, Dont je vous feray mention. Des François especiaument Vous parleray premierement ; Car avec ces IJ. se tenoient, Pour ce que de leur langue estoient. (MACH., P. Alex., p.1369, 139).

C. -

"Communauté d'individus parlant la même langue" : Tant avoit richesse et puissance, Terres, fiez, honneur et avoir Que trop estoit de tant avoir. Pour ce li pueple l'aouroient Et toutes langues le doubtoient (MACH., C. ami, 1357, 29). Adont li rois Daires escript Generaument un tel escript : "A toutes generations, Pueples, langues et nations, A tous les habitans dou munde Soit grace et pais qui leur habunde !..." (MACH., C. ami, 1357, 45).
 

Guillaume de Machaut Noël Musso


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